L'essor des services managés annonce-t-il la fin de l’infogérance ?
500 milliards de dollars, c’est le montant que devrait atteindre les dépenses du cloud public selon le Gartner, en 2022. La tendance « move to cloud » n’est plus une utopie mais une réalité pour beaucoup d’entreprises. Cet essor dope le Managed services Provider (MSP), indispensable pour délivrer de la valeur lors des phases de transformation et de maintenance des plateformes cloud.
Dans ce contexte, les services managés devraient enregistrer une hausse de 4,4% sur la zone EMEA selon l’ISG, en 2023. Cette rapide progression n’est pas exempte de mutation pour l’activité des MSP dont le rôle et la mission sont en constante évolution.
Jusqu’ici, les entreprises faisaient appel aux infogéreurs, en tant qu’experts facilitant les phases de migration et assurant la prise en charge de la maintenance de services des plateformes.
Traditionnellement externalisée, cette fonction qui nécessite une disponibilité 7j/7 et 24h/24, est onéreuse à internaliser. Mais en mutualisant les ressources et en industrialisant la gestion des services client, les services externalisés d’infogérance capitalisent sur l’ensemble des projets gérés. L’internalisation de ces activités nécessiterait une taille critique pour adresser toutes les plages de services. Sans compter qu’elle mobilise des expertises pointues dans certains domaines (DBA, Containers, DevOps), qu’il serait difficile d’occuper à plein temps, alors que ces compétences sont essentielles au bon fonctionnement des services.
Avec l’arrivée des services managés, l'infogérance change de visage
L’essor du Cloud a rendu plus accessibles les ressources et les services PaaS, associés à une promesse de gestion associée facilitée.
L’arrivée des services managés a modifié le périmètre de l’infogérance qui a vu son champ d’actions se transformer et sa valeur ajoutée augmenter. Si gérer une réplication SQL ou des slaves, est désormais assuré par le cloud provider car c’est « built-in », l’infogéreur a au contraire vu une complexité supplémentaire s’introduire sur son secteur d'intervention. En se rapprochant de l’application du client, il doit aujourd’hui se concentrer sur les performances, la qualité des requêtes, l'architecture, etc.
Les acteurs de l’infogérance doivent aussi désormais assurer le fonctionnement de la couche applicative et le code pour identifier un dysfonctionnement et le remonter aux équipes de développement, voire intervenir directement pour corriger le problème. Cette compréhension applicative nécessite des compétences plus avancées, de manipuler les chaînes d’intégration et de déploiement en continu.
Les nouveaux usages liés au cloud public tels que les containers complexifient aussi la nature des projets. Le niveau d’expertise lors des phases de run est croissant : mise en œuvre de l’automatisation, conception évolutive du socle d’infrastructure, gestion de l’applicatif avec une approche devOps, etc.
Le métier de l’infogéreur se rapproche de plus en plus de celui de plateform engineering. Il doit intervenir dans la conception/création de chaînes d'outils et de flux de travail apportant une dimension de libre-service aux équipes de développement. Cette évolution récente ne remet pas en cause la responsabilité de l’infogéreur quant aux garanties de performance, de résilience, et de sécurité, etc. Elles permettent en revanche de réduire le time to delivery aux équipes métiers et donc d’innover plus rapidement.
Une synergie de montées en compétences
En face, les profils clients évoluent et s’étoffent d’experts DevOps, FinOps ou Architecture offrant un partage de connaissance plus riche avec les infogéreurs.
Quelle que soit la nature de la collaboration elle repose sur :
- Des processus définis permettant un partage clair des responsabilités de chacun.
- La fourniture d’un outil flexible offrant transparence et possibilité pour chacun d’intervenir sur les items qui lui sont confiés.
- Des rituels adaptés pour répondre aux besoins de synchronisation entre les équipes.
Sur cet aspect collaboratif, les équipes infogérantes deviennent le bras armé du client. Véritable interface, le MSP a pour rôle de sensibiliser le client aux enjeux du Cloud Public pour l’aider à prendre le virage de la digitalisation via la formation et l’accompagnement. Dans ce contexte, on parle désormais de Build2Run : des processus de type GitOps workflow rendent plus fluides les Build qui peuvent être réalisés par l'infogérant, le client ou un de ses partenaires. L'équipe de Run n’a alors plus qu’à valider les changements sur la plateforme grâce à un mécanisme de revue de code bien connu des développeurs. Les livraisons et modifications sur les plateformes en sont plus véloces tout en garantissant un fonctionnement optimal.
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